Préparer et bien vivre le carême…
oui bien sûr, mais comment faire ? Les églises, qu'elles soient orthodoxes, protestantes ou catholiques nous proposent trois actions différentes mais complémentaires, le Jeûne, l'Aumône et la Prière.
Le jeûne en grec ancien ce dit nesteai (ne = negation et estio = je mange).
L'Aumône vient du grec eleemosyna qui peut se traduire par différent mots : miséricorde, bienfait, pitié ou un sens plus général « de bonne action ».
La prière vient du mot abondance en hébreux et du mot attacher, lier en grec.
Le jeûne n'est pas « un concours, ou un faire valoir » vis à vis des autres, ni un exercice religieux. C'est une privation de nourriture qui nous aide à nous détacher des jouissances du monde, à faire un acte de pénitence, à apprendre à être humble. C'est un « combat spirituel contre Satan » comme Jésus lors de son jeûne dans le désert. C'est une action qui doit être faite avec un coeur pur et « fidèle dans la Foi ». C'est préparer le chemin vers la prière, vers la conversion. L'église demande deux jours de jeûne le vendredi saint et le mercredi des cendres. Libre à nous de jeûner un jour de plus... Mais n'oublions pas que celui qui jeûne « qu'il se parfume la tête et lave son visage, afin de ne pas montrer aux hommes qu'il jeûne. Notre Père qui voit dans le secret le lui rendra » (Matthieu 6: 16-18)
Dans l'ancien testament le jeûne demande une nouvelle façon de se conduire : « renvoie libres les opprimés, partage ton pain avec l'affamé, héberge chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, charge toi de le vêtir, ne te dérobe pas devant celui qui est ta propre chair....... alors ta blessure se guérira.... et la gloire de Yahvé te suivra » (Isaïe 58 6-9)
L'aumône n'est pas et ne peut pas être une recherche de notre propre gloire, un moyen de nous mettre en évidence. L'aumône est bien plus, « c'est une conversion intérieure à l'amour de Dieu et de nos frères ». Ainsi que le dit Saint Jean, « Si quelqu'un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1Jn 3,17) Nous oublions souvent que nous ne sommes pas propriétaires de ce que nous possédons mais administrateurs. Ces biens ne sont pas notre propriété exclusive, mais plutôt « des moyens à travers lesquels le Seigneur nous appelle à devenir un instrument de sa providence envers le prochain ». Comme pour le jeûne, l'aumône se fait avec discrétion « que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret » (Mt 6, 3-4). « L'aumône nous conduit plus loin sur le chemin de la conversion. Elle nous rappelle que nous avons été crées « non pour nous-mêmes, mais pour Dieu et pour nos frères » (2 Cor 5,15).L'aumône nous apprend la générosité de l'amour. Jésus-Christ par amour pour nous s'est donné tout entier. L'aumône est là pour nous entrainer à donner, à faire de notre vie un don total, à nous donner nous-mêmes, à accomplir le commandement de la charité. Quand il s'offre gratuitement lui-même, le chrétien témoigne que c'est l'amour et non la richesse matérielle qui dicte les lois de l'existence » (Benoit XVI)
La prière n'est pas la récitation mécanique de quelques phrases, le désir égoïste de paraître mieux que les autres. La prière est plus qu'un rituel, c'est un acte de communication, de conversation avec Dieu. C'est le don de Dieu qui vient à la rencontre de l'homme. Car l'homme sait que personne ne peut se suffire à lui-même. Pas plus que jouir de ce que l'on désire, de toutes formes de bien, ne peut combler le coeur de l'homme. Alors l'homme prend conscience du don que lui fait Dieu lorsqu'Il lui commande : « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu ; tu ne serviras que lui. » (Dt 6).
La prière est « un élan du coeur, … c'est un cri de reconnaissance et d'amour au sein de l'épreuve comme au sein de la joie, c'est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l'âme et m'unit à Jésus. » (Ste Thérèse de l'enfant Jésus). La prière est multiple, elle est prière d'adoration, de demande, d'offrande, de pardon, de louange, de bénédiction, d'intercession. La prière nous construits, fait de nous des enfants de Dieu et nous unis à lui. La prière se fait là où nous sommes « ...au marché, dans une promenade solitaire, assis dans votre boutique soit en train d'acheter ou de vendre, où même de faire la cuisine, il est possible de faire une fréquente et fervente prière » (St Jean Chrysostome).
Pendant tout notre vie n'oublions pas que le carême est un chemin vers Dieu avec comme bâtons de marche le jeûne, l'aumône et la prière, pour essayer de vivre comme le décrit Saint Grégoire de Nazianze « il faut se souvenir de Dieu plus souvent qu'on ne respire ».
Elisabeth de La Ferté