Vingt pèlerins du diocèse de Séez ont vécu une visitation dans le diocèse de Ouahighouya (Burkina Faso) d'où est originaire le Père Charles Soro, prêtre fidei donum sur notre paroisse depuis trois ans. Le Père Pierre-Yves Emile nous partage ses impressions.
Vous avez participé à un pèlerinage en arrivant, qu'est-ce qui vous a étonné ou surpris agréablement lors de cette célébration à grande échelle?
Nous avons participé au pèlerinage de Notre Dame de Yagma le jour même de notre arrivée. C’est le grand pèlerinage qui a lieu tous les trois ans dans ce sanctuaire marial au coeur de l’agglomération de Ouagadougou, la capitale burkinabè. Trois choses étaient impressionnantes :
la foule : les burkinabès n’aiment pas se compter mais je pense qu’il y avait plus de 500 000 personnes. A part les JMJ, on ne connaît pas de pareils rassemblements ecclésiaux en Europe et cela nous interroge profondément sur la crise que traverse le vieux continent.
la joie : les burkinabès savent exprimer la vraie joie qui prend sa source dans la foi. Cela se manifeste par les chants rythmés par la chorale qui danse en chantant, par des danses qui sont des véritables “prières corporelles” au cours de la messe et aussi par les youyous qui viennent acclamer le Christ présent dans le saint sacrement lors de l’adoration eucharistique
la jeunesse : Les églises regorgent de jeunes qui prennent leur foi en main. Je crois aussi que l’Église du Burkina laisse la place aux jeunes qui ont souvent de vraies responsabilités. Cette jeunesse est évidemment pleine de vitalité. C’est à mon avis le problème majeur de notre Église de France.
Que dire des institutions ou entreprises que vous avez visité?
Ce qui m’a frappé c’est combien les burkinabès ont le courage de se battre contre une situation économique difficile, contre la sécheresse et les freins au développement. L’Église prend vraiment sa place au coeur de la société sans renoncer à sa mission d’annoncer le Christ. Nous avons vu cela à l’OCADES (organisme de développement et de solidarité), au centre médical de Bam, ou dans les écoles catholiques, etc...
Comment avez-vous été reçus, accueillis?
Ce qui est fabuleux dans l’église catholique, c’est l’universalité. Nous n’avons pas été d’abord accueillis comme des hôtes, mais comme des frères en Christ. Dans tous les lieux où nous avons été accueillis, c’était flagrant. Le lieu où cela fut le plus fort, ce fut à Gourcy dans la famille du Père Charles Soro, prêtre fidei donum dans notre diocèse de Séez. C’est là que nous avons compris l’option pastorale du Burkina pour une Église-famille. La famille est la première cellule ecclésiale et chez Madame Blandine Soro, nous en avons été les témoins privilégiés.
Qu'avez-vous découvert de la vie des ces communautés chrétiennes? votre regard de prêtre donne sans doute, un écho particulier à votre réponse.
Hormis tout ce que je vous ai déjà dit, je soulignerai que ce qui m’a marqué là-bas, c’est la rigueur des communautés dans leur vie de foi. La foi est prise au sérieux. Par exemple, on ne se marie pas à l’Église si on ne va le dimanche à la messe. On ne fait pas baptiser son enfant si on est absent de la communauté chrétienne. En Europe s’est installé un laisser-aller qui est source de graves incohérences et à mon avis, cela a entraîné une dévaluation de la vie ecclésiale communautaire et sacramentelle. Il faudra inéluctablement un jour que nous nous remettions en question pour redonner de la valeur aux trésors de notre foi.
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